Photo © FICDC/IFCCD

Le premier panel de la Conférence régionale  « Perspectives panafricaines pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles » (9 et 10 octobre 2019) a porté sur la mise en oeuvre de la Convention de 2005 dans l’espace africain. Il réunissait Michel Saba (CERAV), Marie Isabelle Ba (OIF) et Kodjo Cyriaque Noussouglo (Coalition togolaise pour la diversité culturelle, FICDC).

  • Michel Saba, délégué général du Centre régional pour les arts vivants en Afrique (CERAV), a présenté les organes du CERAV/Afrique et ses différentes missions en lien avec la Convention de 2005.

Près d’une quinzaine d’États africains bénéficient d’un appui du CERAV qui se donne notamment pour objectif d’accompagner la mise en oeuvre de la Convention de 2005. Michel Saba a souligné le rôle essentiel des coalitions nationales dans les processus de ratification (46 États africains ont ratifié la Convention à ce jour) et leur mobilisation dans la mise en oeuvre de politiques favorables à la diversité des expressions culturelles. Au niveau du CERAV, un premier atelier régional sur la Convention de 2005 a été organisé à Niamey en août 2017. L’organisation s’implique aussi dans la production des rapports quadriennaux qui rendent compte de ce qui est fait à l’échelle des pays pour respecter les engagements pris dans le cadre de la Convention. Michel Saba est revenu sur les difficultés rencontrées pour traduire la Convention dans les politiques publiques et sur l’importance de l’expertise de la société civile. Il a plaidé pour une meilleure organisation et davantage de dialogue entre les parties prenantes. Au cours des prochaines années, le CERAV prévoit de développer un centre de ressources sur la Convention de 2005 et de mettre en place une plateforme numérique d’échange entre les organisations de la société civile. Plusieurs événements seront aussi organisés autour de la Convention : célébration de la journée mondiale de la diversité des expressions culturelles, organisation d’ateliers de partage d’expériences, organisation d’un colloque sur la mobilité des artistes.

  • Marie Isabelle Ba, attachée au programme « Politiques linguistiques et stratégies de développement culturel » de la direction « Langue française, culture et diversités » de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) est ensuite revenue sur le rôle de l’OIF dans l’adoption de la Convention de 2005 et dans sa mise en oeuvre aujourd’hui.

Après une présentation des domaines d’intervention et des priorités de l’OIF (mise en place d’échanges, accompagnement des États, structuration de la société civile…), Marie Isabelle Ba a détaillé les sept points de contribution de l’OIF à la mise en oeuvre de la Convention de 2005 dans l’espace africain :

  1. Renforcement des politiques publiques (lancement en 2010 d’un projet pilote d’appui aux politiques et industries culturelles) ;
  2. Mesures de soutien à la création et à l’accès à la culture (réseau mondial des Centres de lecture et d’animation culturelle CLAC) ;
  3. Participation de la société civile ;
  4. Intégration de la culture dans le développement durable ;
  5. Coopération pour le développement (MASA, Prix des 5 continents, Fonds de soutien à la circulation du spectacle vivant et des arts visuels, programmes « En scène ! », « Édition limitée » et « Images », FESPACO à Ouagadougou, Vues d’Afrique à Montréal) ;
  6. Échange, analyse et diffusion de l’information (réalisation d’une cartographie des entreprises et industries culturelles) ;
  7. Concertation et coordination internationales (complémentarité avec les autres acteurs de la coopération internationale : OMPI, UNESCO, Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture, l’UEMOA, ACP).

Interrogée sur les critères de sélection des projets financés par l’OIF, Marie Isabelle Ba a expliqué qu’ils étaient choisis en fonction de leurs objectifs et de leur viabilité. Quatre pays africains ont été aidés en 2010 et quatre autres le sont actuellement.

Présentation de Mme Ba

  • Troisième intervenant du panel, Kodjo Cyriaque Noussouglo, président de la Coalition togolaise pour la diversité culturelle et Vice-président de la FICDC, a présenté les préoccupations de la société civile africaine concernant la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles sur le continent.

Kodjo Cyriaque Noussouglo a débuté son allocution par le constat suivant : malgré le dynamisme et le foisonnement des activités culturelles en Afrique, la majorité des acteurs culturels a l’impression que rien ne se fait. Le secteur culturel est dominé, les mesures de protection et de promotion manquent et il y a d’importants problèmes en termes de ressources économiques et humaines. Appelant à une amélioration rapide de l’environnement juridique et institutionnel, il a expliqué que les fonds sectoriels pour la culture ne règlent pas les problèmes liés aux défis structurels : défi de la décentralisation culturelle, défi du financement, défi du renforcement des capacités, défi de mesure et défi de la sensibilisation aux enjeux de la diversité des expressions culturelles. Kodjo Cyriaque Noussouglo est ensuite revenu sur les différents chapitres de la Convention de 2005. Il a souligné que la Convention reconnait l’importante contribution des artistes et insisté sur le fait que les États doivent respecter leurs engagements, faire en sorte que la diversité des expressions culturelle soit valorisée et protégée et permettre aux artistes de vivre mieux de leur art. Interrogé sur la structuration des industries culturelles en Afrique et sur leur capacité à créer de la richesse, il a confirmé l’existence de secteurs culturels développés et dynamiques, le livre, les arts visuels, la musique, le cinéma, mais a déploré un manque d’investissement dans des politiques innovantes pour soutenir ces industries et leur permettre de participer plus largement à l’économie des pays.*

*Pour des données sur la contribution des secteurs culturels et créatifs à l’économie mondiale par secteur et par région, voir l’étude « Un monde très culturel : Premier panorama mondial de l’économie de la culture et de la création ».

 

Avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du ministère de la Culture et des Communications du gouvernement du Québec, de la Coalition française pour la diversité culturelle, de la Coalition togolaise pour la diversité culturelle, de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (Canada), du gouvernement du Togo, du gouvernement du Canada, de la Délégation générale du Québec à Dakar, et de la Coalition autrichienne pour la diversité culturelle.

 

 

    La mise en œuvre de la Convention de 2005 dans l’espace africain

    Article
    FICDC
    8 novembre 2019
    Convention de 2005, diversité des expressions culturelles, politiques culturelles
    Photo : Marie Isabelle Ba, Organisation internationale de la Francophonie (OIF)