Photo © FICDC/IFCCD

Le second panel de la Conférence régionale  « Perspectives panafricaines pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles » (9 et 10 octobre 2019) a porté sur les politiques publiques africaines en faveur de la culture. Étaient invités pour ce panel Donikpo Kone (UEMOA), et Komi N’kegbe Foga Tublu (CELTHO – UNA).

Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l’Union économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) regroupe huit États africains : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Le secteur culturel de l’UEMOA mobilise une grande partie de la population régionale mais contribue encore faiblement à l’économie de la zone. Plusieurs raisons expliquent ce paradoxe : la prédominance de l’informel, le manque de professionnalisation du secteur, l’absence d’indicateurs vérifiables pour mesurer l’impact social et économique de la culture, la rareté des ressources financières. Donikpo Kone a souligné également l’absence de leadership pour le secteur et le manque de promotion pour les ressources culturelles.

L’UEMOA s’est dotée d’une politique commune de développement culturel en octobre 2013 et d’un  Programme Régional de Développement Culturel de l’UEMOA (PRDC-UEMOA) en septembre 2014. Ce programme s’assigne comme objectif global de contribuer à valoriser la culture comme source de création de richesses et de rayonnement de l’UEMOA. Spécifiquement, le PDC-UEMOA ambitionne de développer un marché régional structuré et attractif des biens et services culturels et d’améliorer la visibilité des expressions culturelles de l’UEMOA. Les résultats attendus sont les suivants :

  1. Une meilleure protection de la propriété littéraire et artistique ;
  2. Des entreprises culturelles pourvoyeuses d’emplois et génératrices de revenus ;
  3. Un marché régional des biens et services culturels structuré et productif ;
  4. Une meilleure circulation des acteurs, biens et services culturels au sein de l’Union ;
  5. Des biens et services culturels labellisés et davantage promus dans la sous-région et au niveau international ;
  6. L’inscription de la culture dans les stratégies nationales de développement ;
  7. Un système d’information sur la culture est fonctionnel.

Concernant la promotion de la diversité culturelle, Donikpo Kone a souligné l’implication de l’UEMOA dans l’élaboration de textes réglementaires et l’appui aux manifestations culturelles et artistiques. Il a également mentionné la mise en place d’un système d’information régional sur la culture (SIRC) et l’élaboration d’un mécanisme de promotion des entreprises culturelles. Interrogé sur la présence et la visibilité de la diversité des expressions culturelles en ligne, il a expliqué que la plateforme SIRC allait favoriser la visibilité des contenus culturels mais qu’elle impliquait une responsabilité de la part des pays concernant le partage des informations et des données. Au sujet du coût élevé d’internet dans les pays de l’UEMOA, il a indiqué que plusieurs départements de l’organisation travaillent actuellement  sur cette question.

Présentation de Mr Kone

Il a expliqué que l’Union Africaine ne dispose pas de politique culturelle propre mais qu’elle s’est pourvue d’outils et d’institutions. Parmi ces outils, la Charte de la renaissance culturelle africaine a été adoptée en 2006, et sa ratification est en cours. Komi N’kegbe Foga Tublu a déploré la lenteur du processus de ratification mais annoncé que le quota venait d’être atteint pour que la Charte entre officiellement en vigueur. Il a mentionné par ailleurs L’Agenda 2063, cadre stratégique pour la réalisation de l’objectif de développement inclusif et durable de l’Afrique, qui dispose d’un volet « Patrimoine culturel, arts créatifs et entreprises ». L’Union Africaine a aussi mis en place différents organes et institutions : une division de la culture à Addis-Abeba, le CELHTO à Niamey, l’Académie africaine de langues à Bamako. Le CELHTO a pour objectif principal de contribuer au rayonnement culturel du continent, d’appuyer le développement des industries culturelles en Afrique et d’accompagner les approches de la société civile. Le CELHTO développe plusieurs programmes :

  1. Un programme de numérisation ;
  2. Un programme de collecte ;
  3. Un programme de recherche et de valorisation des résultats ;
  4. Un programme d’appui à la société civile culturelle : renforcement capacités, appui à rencontres culturelles, appui à la mobilité des artistes.

 

Avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du ministère de la Culture et des Communications du gouvernement du Québec, de la Coalition française pour la diversité culturelle, de la Coalition togolaise pour la diversité culturelle, de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (Canada), du gouvernement du Togo, du gouvernement du Canada, de la Délégation générale du Québec à Dakar, et de la Coalition autrichienne pour la diversité culturelle.

 

 

    Des politiques publiques pour la culture

    Article
    FICDC
    13 novembre 2019
    Politiques culturelles
    Photo : Donikpo Kone (UEMOA), Kangni Alemdjrodo, Éric Adja (OIF), Marie Isabelle Ba (OIF), Kodjo Cyriaque Noussouglo (FICDC)