La FICDC s’est réunie à Montréal pour son cinquième congrès international, les 26 et 27 octobre 2018.
Fondée le 19 septembre 2007 à Séville, en Espagne, la FICDC est la voix des professionnels de la culture à travers le monde. Ses coalitions membres représentent les créateurs, les artistes, les producteurs indépendants, les distributeurs, les radiodiffuseurs et les éditeurs dans les secteurs du livre, du cinéma, de la télévision, de la musique, du spectacle vivant et des arts visuels.
Depuis sa fondation à Séville, la Fédération a réuni son congrès international à Salvador de Bahia (Brésil) en 2009, Bratislava (Slovaquie) en 2012, Mons (Belgique) en 2015. Cette année, c’est le Canada qui a accueilli l’événement réunissant dix-huit délégués sur place et quatre à distance. Dix-neuf pays étaient représentés : Cameroun, Gabon, Mali, Niger, Ouganda, Sénégal, Tchad, Togo (Afrique), Argentine, Canada, Chili, Mexique, Paraguay (Amériques), Australie (Asie-Pacifique), Belgique, France, Royaume-Uni, Slovaquie, Suisse (Europe).
Ce qu’il faut retenir du Congrès de Montréal
La FICDC avait connu un ralentissement de son activité depuis le Congrès de Mons en 2015, son secrétariat ayant été vacant pendant presque deux ans. Organisé pour relancer les travaux de la FICDC, le Congrès de Montréal a permis de dégager de nombreuses pistes de réflexions et axes de travail pour les années à venir.
Au cours de la première journée, les membres de la FICDC ont évoqué la composition de l’organisation, ses moyens d’action, les possibilités de soutien aux coalitions nationales et leur nécessaire remobilisation au niveau régional autour d’actions ciblées. Ils ont aussi exprimé leur souhait de rebâtir la relation avec le secrétariat de l’Unesco et de s’investir dans les activités entourant la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Lors d’un tour de table, chacun a présenté les enjeux de la diversité culturelle dans son pays, les évolutions depuis la ratification de la Convention de l’Unesco, les avancées, les blocages, et la situation actuelle de chaque coalition.
L’Amérique du Sud, particulièrement mobilisée au moment de l’adoption de la Convention, a connu des changements politiques qui ont marqué le secteur culturel et affaibli les coalitions en place au cours des dernières années. Le manque de ressources complique la coordination entre les organisations de la société civile dans le domaine de la culture. Néanmoins, les membres de la FICDC saisissent chacune des opportunités qui se présentent pour participer aux révisions des lois, ou pour instaurer, comme au Chili, une journée nationale de la diversité culturelle.
En Afrique, la situation est aussi très liée au contexte politique de chaque pays. Pour plusieurs, l’enjeu est de dépolitiser la culture. Il y a un manque de moyens dans la région mais aussi un problème de gestion des fonds, qui ne sont pas toujours alloués à bon escient. Les échanges ont aussi permis de constater que la Convention est largement méconnue dans la plupart des pays et que les gouvernements doivent être sensibilisés à l’importance des clauses d’exemption culturelle dans les traités de commerce.
La situation de l’Asie-Pacifique, faiblement représentée lors de ce congrès, a permis d’exposer la problématique liée aux régimes autoritaires et aux enjeux de liberté d’expression qui touchent de nombreux artistes. L’enjeu territorial et linguistique rend l’action commune difficile mais plusieurs organisations maintiennent un dynamisme et une activité certaine dans leur pays.
En Europe, l’accent est mis sur un renforcement des coalitions nationales pour une meilleure action en réseau. Comme au Canada, le développement du numérique et son impact sur la culture sont au cœur des préoccupations. Les coalitions se mobilisent aussi pour la reconnaissance de la spécificité des biens et services culturels dans les accords de commerce.
Un dialogue avec des représentants des gouvernements du Québec et du Canada
Le congrès s’est poursuivi en présence de représentants des gouvernements canadien et québécois, venus rencontrer les membres de la FICDC.
Le gouvernement du Québec a identifié trois grandes priorités concernant la diversité des expressions culturelles : la mise en œuvre de la Convention de l’UNESCO dans le cadre du numérique, les enjeux du commerce international, et la coopération internationale, notamment via le Fonds international pour la diversité culturelle (FICD) de l’UNESCO.
La présence de représentants du gouvernement canadien a ouvert une discussion sur le maintien de l’exemption culturelle dans le nouvel accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada. La déclaration France-Canada sur la diversité culturelle et l’espace numérique a aussi été évoquée.
L’échange a permis de souligner que l’appui des gouvernements à la CDEC et au travail de la FICDC est précieux et extrêmement bénéfique pour l’ensemble des organisations à travers le monde, et devrait être un exemple à être suivi dans les autres pays.
Enfin, cet échange a aussi été l’occasion de discuter de la mobilité des artistes et des moyens à mettre en œuvre pour améliorer leur circulation.
Le travail avec les milieux de la recherche
Des chercheurs ont été invités à se joindre aux délégués pour alimenter leur réflexion au cours de la deuxième journée du congrès. Véronique Guèvremont, de la Chaire Unesco sur la diversité des expressions culturelles, a présenté l’Étude sur la coopération internationale avec les pays africains francophones en vue de mettre en œuvre la Convention sur la diversité des expressions culturelles dans l’environnement numérique, commandée par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec et menée dans cinq pays d’Afrique : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali et Sénégal.
Destiny Tchéhouali, chercheur au Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM – Université du Québec à Montréal) a ensuite abordé ses travaux avec l’Organisation Internationale de la Francophonie, en lien avec la gouvernance internationale d’Internet et la diversité des expressions culturelles à l’ère numérique.
La discussion s’est poursuivie sur l’importance d’une collaboration avec les chercheurs, notamment sur le partage de l’information (données statistiques, rapports nationaux) et les ponts à établir entre la FICDC et les différentes chaires de l’UNESCO, le milieu universitaire et des réseaux comme le Réseau international de juristes pour la diversité des expressions culturelles.
Les membres de la FICDC ont ensuite synthétisé leurs priorités et défini plusieurs axes de travail et projets pour l’année 2018-2019.
Le Congrès s’est clos par l’élection du conseil d’administration qui a maintenu les instances actuelles pour mieux préparer l’avenir. Le prochain Congrès de la FICDC se tiendra dans un pays africain à l’automne 2019.