Photo © FICDC

Le dernier panel de la Conférence régionale  « Perspectives panafricaines pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles » (9 et 10 octobre 2019) a porté sur les initiatives innovantes de la société civile pour affronter les enjeux de l’avenir. Il réunissait Brenda Uphopho (Women in the Arts) et Violet Maila (Music in Africa).

  • Brenda Uphopho a présenté le Festival Women in the Arts, issu du collectif du même nom qu’elle a cofondé en 2015. La première édition du festival a eu lieu du 15 au 17 novembre 2018.

Women in the arts (WIA) est un collectif de femmes qui travaillent dans les industries créatives de la mode, du théâtre, de la littérature, du cinéma, de la musique, de la danse, et qui partagent des idées communes. Le groupe s’est réuni pour la première fois en mars 2015 au Festival de Théâtre de Lagos, au Nigeria, et le nombre de ses membres est passé à plus de 250 femmes.

Le Festival WIA présente des performances féminines, des conférences, des activités de réseautage dans le but d’accroître la participation et l’autonomisation financière des femmes dans le secteur culturel. Le festival WIA met l’accent sur le réseautage, la performance artistiques  et les discussions. Il se déroule dans le cadre du Lagos Fringe (prochaine édition du 19 au 24 novembre 2019), qui lui donne une vitrine. L’une de ses principaux objectifs est de changer les perspectives pour les femmes.

Brenda Uphopho a expliqué que les financements du gouvernement étaient très insuffisants et qu’il fallait passer beaucoup de temps à chercher des fonds privés pour pouvoir mener à bien des projets culturels. Elle a déploré des conditions économiques difficiles mais aussi un problème majeur de corruption au Nigeria. Elle a expliqué que dans les années 1990 et 2000, les jeunes, et notamment les femmes, ont dû apprendre sur le tas. Il n’y avait pas de mentorat pour les jeunes filles, aucune formation. C’est dans ce contexte que s’est développé Nollywood, une industrie du cinéma qui s’autofinance aujourd’hui.

Un des objectifs du collectif WIA est justement de créer un système de mentorat pour renforcer les capacités des femmes. La première édition du festival a permis d’organiser des activités de plaidoyer contre la violence basée sur le genre et contre les différentes formes de harcèlement dont les femmes sont victimes. Brenda Uphopho a expliqué que la réglementation sur le harcèlement sexuel a été actualisée à Lagos mais qu’il y a encore beaucoup de travail à mener sur cette question. Le festival a aussi permis de mettre l’emphase sur la participation des femmes au processus électoral, notamment dans les villages. Plusieurs sketch et performances ont été présentés sur la question du genre. Ces sketchs feront l’objet d’une traduction en novembre 2019 et il y aura une adaptation en bande dessinée.  Il y a aussi un projet de bande dessinée prévu pour novembre 2019.

Présentation de Mme Uphopho (en anglais)

  • Violet Maila a ensuite parlé de Music in Africa, portail Web d’information et d’échange dédié au secteur de la musique africaine.

Music In Africa est une initiative à but non lucratif qui vise à soutenir le secteur de la musique africaine en favorisant l’échange de connaissances et en créant des opportunités et des capacités pour ceux qui y travaillent. Le portail Music In Africa appartient et est géré par la Fondation Music In Africa créée en 2013 et dont le siège est à Johannesburg, en Afrique du sud. Grâce à son réseau de contributeurs, la plateforme offre une gamme unique de contenus utiles et de qualité sur le secteur. Music in Africa permet notamment aux artistes, créateurs, professionnels de la musique, fans, de :

  1. Approfondir ses connaissances sur la scène musicale africaine ;
  2. Découvrir et écouter la musique du continent ;
  3. Trouver des acteurs de la scène musicale en Afrique ;
  4. Créer un profil et promouvoir son travail ;
  5. Échanger des informations relatives à la scène musicale africaine avec d’autres utilisateurs ;
  6. Accéder à des aides et à des outils à exploiter soi-même ;
  7. Contribuer à une source d’information complète et fiable.

Violet Maila a aussi parlé d’autres projets menés par la Fondation Music in Africa dans le cadre de partenariats : la plateforme EPK, pour les artistes qui souhaitent se produire dans le cadre du festival Sauti za Busara de Zanzibar, ou la conférence Music in Africa pour les collaborations, les échanges et les showcases (ACCESS), qui est organisée dans une ville africaine différente chaque année et qui permet aux artistes de montrer leurs œuvres au-delà de leur pays.

Comme d’autres conférenciers, Violet Maila a souligné l’importance de la collecte et du partage des données. Elle a aussi insisté sur la nécessité de créer des partenariats sur le continent et de parler de façon collective. Elle a expliqué finalement que, même si le cas de l’Afrique du Sud est unique en Afrique, avec un État qui joue un vrai rôle de promoteur culturel, il est essentiel pour la société civile africaine de faire valoir l’importance de son travail et de se mobiliser pour faire adopter des politiques de soutien à la culture.

Présentation de Mme Maila (en anglais)

 

Avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du ministère de la Culture et des Communications du gouvernement du Québec, de la Coalition française pour la diversité culturelle, de la Coalition togolaise pour la diversité culturelle, de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (Canada), du gouvernement du Togo, du gouvernement du Canada, de la Délégation générale du Québec à Dakar, et de la Coalition autrichienne pour la diversité culturelle.

 

 

    Affronter les enjeux de l’avenir par l’innovation

    Article
    FICDC
    3 Décembre 2019
    Mobilisation de la société civile, initiatives régionales, place des femmes
    Photo : Édith Katiji (Syndicat des musiciens du Zimbabwe), Violet Maila (Music in Africa), Brenda Uphopho (Women in the Arts)